Enfance&Toi

La littérature comme terrain de jeu comme un terrain de lutte

 

Est-il seulement envisageable qu’on puisse s’adresser aux enfants sans passer par une troisième personne qui est ce devenir-enfant ou cet enfant en devenir? Là où quand les mots manquent à l’imagination, on préfère remplir des vides en idéalisant pour continuer à produire coute que coute, ce texte vient refuser une position très simple, celle de l’écoute qui n’entend plus. Il y est entre autres question d’une conspiration enfantine, d’une pédagogie négative et d’une synthèse libre et poétique d’un ensemble de savoir qu’il faudrait mettre en pratique. À plusieurs égards, ce texte est le constat d’une guerre qui n’en finit pas de ne pas être remportée, celle de l’amoindrissement des vies, de la maigreur des joies, celle qu’il nous faut gagner à tout prix.. Il ne s’agit surtout pas d’hisser l’Enfant comme sujet révolutionnaire comme le font certaines tendances hors-sol, mais plutôt de tenter de comprendre qu’il est en puissance de jouer et déjouer cette guerre menée contre le vivant, qu’il est grand temps de laisser place à la vengeance des oubliés. C’est surtout un texte rare, et pour préciser, empruntons les mots du poète Amir Ben Abdelmoumen, qui a fait un grand travail d’éditeur sur cet ouvrage: «Sans doute Enfance&Toi fait-il partie de ces rares textes qui avant d’analyser considèrent et qui, part ces considérations mêmes, brusque l’écriture au plus profond de ce qu’elle dévoile. C’est un livre qui au lieude tenter de convaincre qui que ce soit, s’est donné comme ambition de vaincre les assentiments organisés du déni qui nous assiège».
Rêve Benjaminien, balade entre souvenir actuel et citations posées comme des jouets oubliés, profondément sincère et rythmé de cris, l’auteur par un geste aussi original qu’inéluctable nous rappelle que l’enfant est avant tout « celui à qui quelque chose peut encore arriver». Et si nous arrêtions de parler des enfants sans eux, en se demandant plutôt

«où peuvent-ils encore jouer?»